La courbe de Phillips joue un rôle important dans l'histoire de la macroéconomie. Il s'agit en effet d'une relation empirique observée indépendamment d'un cadre théorique précis. Les économistes keynésiens y ont vu la relation manquante des modèles macroéconomiques, illustrant la possibilité d'un arbitrage entre inflation et chômage. Pour les monétaristes, cette courbe illustrait les erreurs de la politique keynésienne, et ils prédirent, avec raison, que cette relation ne pouvait être stable dans le temps.
De ce fait, cette relation apparemment simple s'est retrouvée au centre de controverses touchant à des évolutions fondamentales de l'économie de la seconde moitié du XXe siècle, en particulier la question les politiques économiques et des anticipations.
Un débat a également eu lieu quant à la paternité de la découverte de cette relation, qui aurait été mises en évidence auparavant par d'autres économistes, comme Paul Sultan, A. J. Brown ou Irving Fisher. Toutefois, le nom de courbe de Phillips était alors solidement implanté dans l'usage.
Référence : A. W. H. Phillips, "The relationship between unemployment and the rate of change of money wages in the
La question des anticipations est fondamentale dans la critique de la courbe de Phillips.
La critique de la courbe de Phillips (ou plutôt des politiques fondées sur la courbe de Phillips) a été formulée par M. Friedman puis radicalisée par Lucas (nouveau classique).
Milton Friedman : pour lui, il existe un taux de chômage naturel (qui correspond au taux du modèle en équilibre général si on tient compte des imperfections, ie des rigidités structurelles et institutionnelles). Sur long terme, la courbe inflation-chômage est verticale, et correspond à ce taux de chômage. En revanche, il admet que sur le court terme, les anticipations des agents sont fausses, ils sont victimes d'illusion. C'est pourquoi la courbe de Phillips existe à court terme. Mais lorsque les individus se rendent compte qu'ils se sont trompés, ils corrigent leurs anticipations, et ils "sautent" à une courbe plus haute (sur le graphique), qui prend en compte le fait que l'inflation est supérieure à leurs prévisions.
Conclusion : la courbe de Phillips n'existe que sur le court terme. Sur le long terme, la relation est verticale, et correspond au chômage naturel. Les politiques keynésiennes n'auront donc pour impact qu'une réduction temporaire du chômage, et une augmentation de l'inflation.
Lucas : il introduit les anticipations rationnelles dans le raisonnement. La relation inflation-chômage est toujours verticale.