David Ricardo (18 avril 1772-11 septembre 1823) est un économiste anglais du XIXe siècle qui a contribué à élaborer les bases de l'économie classique.
Né le 18 avril 1772 à Londres, Angleterre, David Ricardo est le troisième des dix-sept enfants d'une famille bourgeoise aisée de financiers juifs sépharades (d'origine portugaise) qui émigrèrent des Pays-Bas vers l'Angleterre juste avant sa naissance. À l'âge de quatorze ans, David Ricardo rejoint son père à la Bourse de Londres, où il commence à apprendre le fonctionnement de la finance. Ricardo rejette le judaïsme orthodoxe de sa famille et s'enfuit à l'âge de 21 ans avec une quakeuse, Priscilla Anne Wilkinson. Son père, en représaille, ne lui parlera plus jamais. À cette époque, Ricardo devient également un utilitariste.
Ricardo commence à s'intéresser à l'économie après la lecture de Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) d'Adam Smith en 1799 lors de vacances particulièrement ennuyeuses passées dans le lieu de villégiature anglais de Bath.
David Ricardo devient agent de change, gentleman farmer et économiste. Considéré comme un des fondateurs de l'école classique anglaise d'économie politique, avec Adam Smith et Thomas Malthus, il est l'auteur notamment de Essai sur le haut prix des lingots (1811), Essai sur l'influence des bas prix du blé sur les profits du capital (1815), Des principes de l'économie politique et de l'impôt (1817).
Son travail d'agent de change le rend suffisamment riche pour prendre sa retraite à l'âge de 42 ans. C'est à ce moment qu'il déménage à Gatcombe Park.
En 1819, Ricardo achète un siège au parlement britannique comme pair représentant de Portarlington, une pairie d'Irlande. Il conserve son poste jusqu'en 1823, l'année de sa mort. En tant que député, Ricardo défend le libre-échange et l'abrogation des Corn Laws.
James Mill, un ami proche de Ricardo, l'encourage dans sa carrière politique et ses écrits économiques. Il entretient une importante correspondance avec Jeremy Bentham et Thomas Malthus, sur des sujets tels que le rôle des propriétaires terriens dans la société. Il fréquente aussi les milieux intellectuels londoniens, et devient membre du Club d'économie politique de Malthus (Malthus' Political Economy Club) et membre du Roi des clubs (King of Clubs).
Il meurt en 1823 à Gatcombe Park à l'âge de 51 ans.
Une théorie de la valeur
La valeur d'échange d'un produit n'est pas fonction de son utilité, la preuve en est que des produits très utiles comme l'eau n'ont aucune valeur d'échange. C'est davantage la rareté qui détermine cette dernière. Si quelques marchandises sont naturellement limitées, la plupart ont leur volume fonction du travail que l'on accepte de consacrer à leur production. Ainsi c'est donc bien le travail qui fait la valeur des marchandises. D'autre part, la quantité de travail que requiert la production du bien comprend aussi celle qu'a nécessité la constitution du capital fixe.Considérer le travail comme source unique de la valeur, conduira plus tard Karl Marx, dans sa théorie de la lutte des classes, à considérer le profit des capitalistes comme étant un résultat de l'exploitation de la force de travail des prolétaires. Marx cite d'ailleurs fréquemment Ricardo dans Le Capital.
L'opposition au protectionnisme
L'importation du blé, interdit par des lois protectionnistes (les « Corn Laws »), semble être une solution à la restauration des profits (Essai sur l'influence des bas prix du blé sur les profits du capital). De fait, un lobby de filateurs britanniques, l'Anti Corn Laws League, obtiendra leur abrogation en 1846. Ricardo avance aussi la théorie de « l'avantage comparatif » : à savoir que chaque nation a intérêt à se spécialiser dans la production où elle possède l'avantage le plus élevé ou le désavantage le moins prononcé vis-à-vis des autres nations.
Le théoricien de l'étalon or
Dans le Bullion Report remis à la Chambre des Communes en 1810, Ricardo dénonce l'émission excessive des billets de banque, source selon lui de l'inflation. Il préconise que l'émission de monnaie soit limitée par le stock d'or, afin d'en garantir la valeur.
Une vision pessimiste de l'avenir ?
La richesse se répartit entre trois composantes que sont les salaires, les profits, et la rente. Pour Ricardo, l'évolution de la population mène inévitablement à la hausse du prix des subsistances (du fait des rendements décroissants de la terre) et à celle de la rente foncière (suite au besoin accru de terres cultivables). Le résultat de cette inflation, que subissent des travailleurs déjà dans la misère, est de rendre nécessaire une hausse des salaires afin d'assurer la survie de ces derniers. Ainsi la croissance démographique provoquera nécessairement un écrasement des profits par la rente, et par conséquent la fin de l'investissement productif. Ricardo rejoint donc le point de vue de Thomas Malthus et critique les aides sociales accordées aux indigents qui favorisent des naissances non souhaitables.
Certains de ses principes sur l'avantage comparatif des territoires ont été réactualisés dans le cadre de la mondialisation économique, et connaissent une seconde jeunesse grâce à Michael Porter.
Essai sur le haut prix des lingots (1811)
Essai sur l'influence des bas prix du blé sur les profits du capital (1815)
Des principes de l'économie politique et de l'impôt (1817)