John Kenneth GalbraithJohn Kenneth Galbraith (15 octobre 1908 à Iona Station, Ontario, Canada - 29 avril 2006 à Cambridge) était un économiste canadien d'origine écossaise. Il est surtout connu en tant que conseiller économique de différents présidents des États-Unis, de Franklin Delano Roosevelt à John Fitzgerald Kennedy jusqu'à Lyndon B. Johnson.
Après une thèse d'économie agricole, Galbraith devient professeur adjoint à l'Université de Princeton en 1934. À partir de 1940, il est employé par le gouvernement fédéral américain à différents postes, notamment pour contrôler les prix pendant
John F. Kennedy le nomme ambassadeur en Inde (1961 - 1963). Il sera par la suite conseiller économique de présidents américains démocrates. À partir de 1971, il enseigne dans plusieurs universités européennes.
Il élabore son corpus théorique dans un cadre aux tendances à la fois keynésiennes et surtout institutionnalistes, tout en restant très hétérodoxe et très critique vis-à-vis de ses collègues.
Il va d'ailleurs critiquer fortement la politique de dérégulation menée par Ronald Reagan et l'intégrisme économique par son plus grand ennemi Milton Friedman.
Auteur de très nombreux livres et articles, il est à ce titre l'économiste le plus lu du XXe siècle.
L'économie universitaire retiendra surtout du travail théorique de Galbraith, poursuivi tout au long de sa longue carrière, les deux notions de filière inversée et de technostructure.
Cette notion a été développée dans L'Ère de l'opulence, publié en 1958 aux États-unis. Son énoncé est simple : « Ce sont les entreprises qui imposent des produits aux consommateurs, et non l'inverse ».
Les théories classique et néoclassique expliquent que les décisions de production des entreprises se font en fonction de la demande qui leur est adressée par les consommateurs. C'est l'idée de base de l'équilibre, idée centrale dans l'économie libérale : on a d'un côté une fonction dite « de demande collective », de l'autre une fonction « d'offre collective », et c'est la rencontre de ces deux fonctions (lorsque O = D) qui détermine le niveau de la production.
Or, Galbraith refuse cette théorie. Non seulement son angle d'approche serait mauvais (elle se base sur un individualisme méthodologique, alors que Galbraith est partisan du holisme méthodologique), mais en plus son caractère déductif la rendrait peu réaliste. Il propose à la place la « théorie de la filière inversée » : parce qu'elles ont un poids économique, politique et médiatique énormes, les plus grandes entreprises peuvent imposer l'achat de certains produits aux consommateurs par le biais de la publicité, de certaines politiques de prix, etc. De fait, les consommateurs seraient emprisonnés par ce que Galbraith nommera plus tard la technostructure.
En résumé, la filière inversée porte ce nom, car au lieu de voir les entreprises recueillir l'information par le biais des prix quant au niveau demandé de leur production, ce sont en réalité elles-mêmes qui se fixent un objectif à atteindre, faisant pression sur le consommateur pour parvenir aux dits objectifs.
Cette notion a été théorisée dans l'œuvre principale de Galbraith : Le Nouvel État industriel (1967, traduction française 1969).
Exposant les progrès de la technologie, Galbraith dégage l'idée selon laquelle les individus qui prennent effectivement les décisions des entreprises n'appartiennent plus à la classe des détenteurs de capitaux, mais à une catégorie nouvelle qui se distingue et s'impose par ses connaissances technologiques et organisationnelles : les gestionnaires (ou management). C'est cette catégorie que Galbraith appelle la technostructure, que l'on pourrait très schématiquement comparer à une technocratie économique. C'est par sa force intrinsèque que cette bureaucratie parvient à imposer certains choix à ses clients, dans le cadre de la filière inversée.