Joseph Alois Schumpeter (Triesch, Moravie, 8 février 1883 - Salisbury, Connecticut, 8 janvier 1950) est l'un des économistes les plus connus du XXe siècle.
Thomas Edison, un des entrepreneurs marquants de la fin du XIXe siècle Henry Ford, qui inspira Schumpeter pour sa description de l'entrepreneur-modèleDans la conception de Schumpeter l'entrepreneur incarne le pari de l'innovation ; son dynamisme assure la réussite de celle ci. L'entrepreneur est motivé par la réalisation de bénéfices générés par les risques pris et la réussite.
La conception du profit défendue par Schumpeter est originale. L'entrepreneur crée de la valeur comme le salarié. Schumpeter pense que le profit est la sanction de l'initiative créatrice des risques pris par l'entrepreneur. Cette conception est contraire aux économistes classiques qui font du profit la contrepartie des efforts productifs (capital et travail) de l'entrepreneur. Elle est également contraire à la conception marxiste, qui place l'origine du profit dans la confiscation de la plus-value, c'est-à-dire l'appropriation d'une partie du fruit du travail des salariés.
Le profit est d'autant plus important et immédiat que l'entrepreneur est capable d'éliminer toute forme de concurrence directe et immédiate. L'innovation revient le plus souvent à détenir une position favorable dans sa branche, et sa diffusion permet l'obtention de droits commerciaux qui techniquement permettent à l'entrepreneur de disposer d'un monopole. Schumpeter considère les monopoles nés de l'innovation comme nécessaires à la bonne marche du capitalisme.
En situation de monopole, l'entrepreneur peut fixer un prix de vente supérieur à son coût marginal, alors qu'ils seraient égaux en situation de concurrence pure et parfaite. Il peut aussi diminuer son coût marginal grâce à la baisse des coûts de production (par la hausse de la productivité) ou grâce aux économies d'échelles (augmentation de la production et de la taille des entreprises), et par là augmenter son profit. C'est cette perspective qui rend les risques de l'innovation acceptables.
Schumpeter montre qu'un univers non atomistique (grand nombre d'entreprises) n'est pas forcément négatif pour le consommateur car le monopole ne conduit pas toujours à la hausse des prix ou à la baisse de la production. L'entreprise géante percevant un surprofit peut effectuer des investissements importants. Par ailleurs, les innovations engendrent des effets de synergie au niveau de l'économie. Elles ont des externalités positives en terme d'entraînement sur des secteurs économiques et de créations de nouvelles activités.
Elles apparaissent comme le fer de lance de la croissance économique, justifiant alors l'existence de ces nouveaux acteurs contribuant à l'essor du capitalisme. Pourtant, ces situations de monopole ne durent pas. C'est le jeu de la concurrence qui les banalise en faisant de la bataille pour le surprofit le moteur du progrès économique mais aussi le facteur explicatif des mouvements cycliques de l'économie.