Le Code d'Hammurabi est l'une des plus anciennes lois écrites trouvées. Elle fut réalisée sur l'initiative du roi de Babylone, Hammurabi, vers 1730 avant Jésus Christ.
Ce texte ne répond pas à l'acception légaliste du droit (Code civil français), mais correspond plutôt au droit jurisprudentiel (Common law) : il recense, sous une forme impersonnelle, les décisions de justice du roi.
Le Code d'Hammurabi fut gravé dans un bloc de basalte et fut placé dans le temple de Sippar, plusieurs autres exemplaires furent également placés à travers tout le royaume. Le but de cela était d'homogénéiser le royaume d'Hammurabi. De cette manière, il pouvait garder plus facilement le contrôle de son royaume en faisant en sorte que toutes les parties aient une culture commune.
Durant les différentes invasions de Babylone, le Code fut déplacé vers 1200 avant Jésus-Christ dans la ville de Suse, en Iran. C'est dans cette ville qu'il fut découvert par l'expédition dirigée par Jacques de Morgan, en décembre 1901. Le père Jean-Vincent Scheil traduisit l'intégralité du Code, de retour à Paris, en France. Depuis, le Code est exposé au Musée du Louvre, à Paris. Une copie est également exposée au musée archéologique de Téhéran.
Le Code d'Hammurabi se présente comme une grande stèle de 2,5 mètres de haut, en basalte. La stèle est surmontée par une sculpture représentant Hammurabi, debout devant le dieu du Soleil de Mésopotamie, Shamash. En-dessous est inscrit, en caractères cunéiformes akkadiens, un long texte comprenant un ensemble de décisions de justice compilées.
Le texte débute par une introduction qui, dans la plus grande tradition des inscriptions royales mésopotamiennes, détaille les hauts faits du roi Hammurabi, ses grandes qualités, et les motivations qui l'ont fait graver ses décisions de justice sur cette stèle : faire en sorte que "le fort n'opprime pas le faible". Après viennent les décisions de justice elles-mêmes, divisées en 282 articles par le Père Jean-Vincent Scheil. Cette division est en réalité arbitraire, dans la mesure où le texte n'est pas découpé en différents articles. Les articles 66 à 100, illisibles sur la stèle, ont été restitués grâce à des copies effectuées sur des tablettes d'argile. Le texte de la stèle s'achève par un bref épilogue, encore à la gloire de Hammourabi.
Les différents "articles" du Code d'Hammurabi fixent différentes règles de la vie courante. Ils régissent notamment :
La hiérarchisation de la société : trois groupes existent, les hommes libres, les subalternes et les esclaves ;
Les prix : les honoraires des médecins varient selon que les soins donnés s'adressent à un homme libre ou à un esclave ;
Les salaires : ils varient selon la nature des travaux réalisés ;
La responsabilité professionnelle : un architecte qui a réalisé une maison qui s'est effondrée sur ses occupants et ayant causé leur mort, est condamné à la peine de mort ;
Le fonctionnement judiciaire : la justice est rendue par des tribunaux et il est possible de faire appel auprès du roi, les décisions doivent être écrites ;
Les peines : toute une échelle des peines est inscrite suivant les délits et crimes commis. La Loi du Talion est la base de cette échelle.
Le code d'Hammurabi génère la « loi du Talion », en punissant de mort des délits jusque là justifiables de simples compensations. Il divise la société entre awīlum, homme libre vivant dans la sphère du palais et travaillant pour l'administration royale, mushkēnum, homme libre travaillant dans le cadre communautaire, et wardum, esclave. Les lois qui y sont rassemblées touchent aux apports qui unissent les groupes sociaux, la famille, l'armée, la vie religieuse et la vie économique. Elles ont toujours trait à des situations très précises concernant les vols, les prêts, les honoraires, les contrats, les fermages, les débiteurs insolvables, les esclaves fugitifs, le statut de la femme. Il n'y a pas d'idée générale ni de concepts abstraits exprimés pour justifier telle ou telle disposition, il n'y a pas non plus d'ordre logique dans la présentation. La recherche du témoignage est à la base de la sentence prise par le juge et l'on n'a recours aux procédés magiques, telle l'ordalie, que lorsque la vérité paraît insaisissable.
Le Code de Hammurabi n'est pas un code de lois comme nos Codes civil ou pénal, où chaque délit est censé être répertorié, les juges devant se baser sur un article précis pour décider leur jugement. Il s'agit en fait d'un texte établi à partir de la compilation de décisions de justice prises par le roi Hammourabi et compilées en un grand texte. On a d'ailleurs retrouvé des textes juridiques illustrant certains cas que l'on trouve dans le code. L'utilité de ce texte était plutôt de fournir des exemples de la sagesse du roi, servant aux générations à venir. Il a été comparé à une sorte de traité de justice. On remarque ainsi que le Code de Hammurabi était encore connu à l'époque néo-assyrienne (911-609), et qu'on se servait encore de son exemple dans certaines affaires juridiques.
L'introduction et la conclusion du texte, souvent non considérés dans les études contemporaines, occupent en fait un rôle important, car ils montrent bien l'idéologie royale qui se trouve derrière ce texte : c'est avant tout une inscription d'un roi qui désire laisser son souvenir à la postérité, en lui montrant le bon exemple à suivre. Les études comparées des codes de lois mésopotamiens semblent d'ailleurs indiquer que ce genre littéraire provient directement des inscriptions commémoratives des hauts faits royaux, dans lesquelles on aurait inclus des exemples de décisions juridiques prises par le roi, exemples concrets de ses grandes qualités au même titre que la construction d'un temple ou une victoire contre un ennemi, car l'exercice de la bonne justice (misharum) entre dans la fonction royale mésopotamienne au même titre que l'entretien des dieux et la direction de l'armée.