Le mercantilisme est une conception de l'économie qui prévaut entre le XVIe siècle et le milieu du XVIIIe siècle en Europe. Les penseurs mercantilistes prônent le développement économique par l'enrichissement des nations grâce au commerce extérieur qui permet de dégager un excédent de la balance commerciale. L'État a un rôle primordial dans le développement de la richesse nationale, en adoptant des politiques protectionnistes établissant notamment des barrières tarifaires et encourageant les exportations.
Les chercheurs sont divisés sur la place réelle des idées mercantilistes au cours de ces 250 ans. Certains, représentés par Jacob Viner, considèrent que les idées mercantilistes qui semblaient de bon sens eurent une place importante et ont duré uniquement parce qu'à l'époque les chercheurs ne disposaient pas des outils analytiques leur permettant de mettre en cause ces théories. Une seconde école, comptant notamment Robert B. Ekelund, soutient que le mercantilisme n'est pas une erreur historique, mais plutôt le meilleur système que les chercheurs étaient capables d'élaborer à l'époque. Cette école avance l'idée que les politiques mercantilistes ont été développées et mises en œuvre par des marchands et des hauts fonctionnaires à la recherche de rentes. Les marchands ont grandement bénéficié des monopoles, des interdictions de la concurrence étrangère et du maintien délibéré au seuil de subsistance des travailleurs. Les gouvernements ont bénéficié des droits de douane élevés et des achats réalisés par les marchands. Si les idées économiques ultérieures ont été développées par des chercheurs et des philosophes, pratiquement tous les auteurs mercantilistes étaient des marchands ou des fonctionnaires.
Le mercantilisme s'est développé en pleine transition de l'économie européenne. Les anciens pouvoirs féodaux se voyaient remplacer par des État-nations centralisés. Les progrès techniques dans la navigation et le développement des centres urbains ont conduit à une croissance rapide du commerce international. Le mercantilisme s'est intéressé aux conditions permettant au commerce d'être le plus bénéfique aux États. Un autre changement important fut l'introduction du principe de la comptabilité en partie double et de la comptabilité moderne. Cette comptabilité permit de présenter d'une façon claire les flux de commerce, contribuant à l'étude attentive de la balance commerciale.
Avant l'émergence des idées mercantilistes, le plus important travail économique en Europe fut réalisé par les théoriciens scholastiques. L'objectif de ces penseurs était de trouver un système économique compatible avec les doctrines chrétiennes de piété et justice. Ils s'intéressaient principalement aux échanges au niveau local entre individus. Le mercantilisme était en phase avec les autres théories de l'époque. Cette période a vu l'adoption de la realpolitik prônée par Nicolas Machiavel et la primauté de la raison d'État dans les relations internationales. L'idée mercantiliste que le commerce est un jeu à somme nulle, dans lequel chaque agent essaye de trouver son avantage, fut intégrée aux travaux de Thomas Hobbes. Cette vision pessimiste de la nature humaine se retrouve également dans la vision puritaine du monde, et dans les législations mercantilistes les plus caractéristiques, telles que les lois sur la navigation mises en place par le gouvernement d'Oliver Cromwell.
De nombreux économistes ou philosophes, comme John Locke ou David Hume, ont critiqué les idées mercantilistes bien avant qu'Adam Smith ne développât une analyse économique destinée à les remplacer. Les critiques ont souligné l'échec des mercantilistes à comprendre des notions comme l'avantage comparatif que développera David Ricardo avec son exemple fameux sur la spécialisation internationale : le Portugal était un producteur beaucoup plus efficace de vin que l'Angleterre, alors que cette dernière était relativement plus efficace dans la production de vêtements. Ainsi si le Portugal s'était spécialisé dans le vin et l'Angleterre dans l'habillement, les deux pays auraient gagné au commerce international. En théorie économique moderne, le commerce n'est plus vu comme un jeu à somme nulle, mais comme un jeu à somme positive. En imposant la mise en place de restrictions aux importations et de droits de douane, les mercantilistes ont contribué à un appauvrissement des pays.
L'importance accordée à l'or fut aussi l'objet de critiques, même si de nombreux mercantilistes ont tenté de réduire l'importance donnée à l'accumulation de métaux précieux. Adam Smith montra que l'or était une marchandise comme les autres, et ne méritait donc pas un traitement spécial ; l'or n'est rien d'autre qu'un métal jaune qui a une valeur élevée uniquement du fait de sa rareté.
Le premier courant de pensée à remettre complètement en cause le mercantilisme est l'école des Physiocrates en France. Leurs théories souffraient cependant également de nombreux défauts et il fallut attendre la publication de la Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations par Adam Smith en 1776 pour véritablement rejeter ce qu'il appela le « système mercantile ». Ce livre jette les bases de ce qui est appelé aujourd'hui l'économie classique. Smith s'attacha à remettre en cause les idées mercantilistes auxquelles il consacra de nombreuses pages. Cependant la présentation faite par Smith des idées mercantilistes s'avère souvent simpliste.
Les historiens de la pensée économique sont revenus sur la remise en cause totale des idées mercantilistes, notamment en replaçant ces théories dans leur contexte historique. Les économistes restent divisés sur la véritable nature du mercantilisme et sur les causes qui ont conduit à la fin du mercantilisme. Pour ceux qui voyaient dans le mercantilisme la défense d'intérêts personnels, la fin de ce courant intervient lors d'un important changement de pouvoir. En Grande-Bretagne, le mercantilisme perdit du terrain dès que le Parlement obtint le pouvoir de subventionner les monopoles, pouvoir jusqu'alors réservé au monarque.
Les lois mercantilistes ont été supprimées tout au long du XVIIIe siècle en Grande Bretagne, et au cours du XIXe siècle le gouvernement britannique choisit le libre-échange et le « laisser-faire » en matière économique, mis en avant par les travaux d'Adam Smith. Sur le continent, le processus fut différent. En France, le contrôle économique demeura entre les mains du pouvoir royal et le mercantilisme continua jusqu'à la Révolution. En Allemagne, le mercantilisme demeura une idéologie importante au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle, période durant laquelle l'École historique allemande bénéficia d'une place importante.