Un market maker, ou « teneur de marché », est une entreprise, généralement une banque d'investissement, ou une personne qui, sur un marché donné, fournit constamment :
- Soit uniquement à sa clientèle,
- Soit, dans certains cas, à l'ensemble du marché, y compris donc à ses concurrents,
- Des prix à l'achat (bid, en anglais) et à la vente (ask ou offer, en anglais, ou « offre » en français). On dit aussi qu'il « cote ».
En dehors les marchés à terme organisés, dits marchés de futures, où il n'est pas nécessaire et donc ne se pratique pas, le market-making est devenu la forme dominante d'organisation des marchés financiers.
Les entreprises et les institutions financières (assureurs, fonds d'investissement, fonds de pension, hedge funds, etc) demandent des prix à une ou plusieurs banques market-maker, lesquelles sont à leur tour reliées entre elles par des inter-dealer brokers, ou courtiers entre market-makers, qui sont de plus en plus électroniques.
En principe, le market-maker cherche à capter une partie de la différence entre ses deux prix, appelée bid/offer spread en anglais et « fourchette » en français, puisque :
- Quelqu’un qui voudra vendre, le fera sur le bid du market maker,
- Et, à l'inverse, un autre qui voudra acheter, le fera sur son offre.
Si ces deux opérations ont lieu alors que le marché n'a pas bougé, le market maker empoche l'écart de prix. Cela est néanmoins rarissime.
En fait, le market-making peut se dérouler de deux manières bien différentes suivant que la nature du produit coté.
A un extrême, sur les marchés de produits financiers « de base » que sont, par exemple, les principales devises du marché des changes, le market-maker n'a généralement pas d'autre possibilité d'action, après avoir traité sur un de ses deux prix, que d'essayer d'encaisser une partie du bid/offer spread en « se retournant contre le marché ». Il va donc tenter de dénouer une opération clientèle réalisée sur l'une des deux pattes de sa fourchette en traitant dans l'autre sens à un prix situé à l'intérieur de celle-ci avec un de ses concurrents. Encore faut-il que le niveau du marché ne change pas trop vite...
A l'autre extrême, sur les marchés de taux d'intérêt ou sur les marchés d'options, il existe une grande variété d'instruments financiers dont l'évolution va être assez proche pour pouvoir être utilisés sous certaines conditions « en couverture » d'une transaction sur un autre instrument. Un market-maker achetant à un client sur son bid un instrument X va donc plutôt couvrir cette opération en vendant un instrument Y dans le marché, à l'un de ses concurrents. Le principe est qu'il pourra éventuellement, dans l'avenir, inverser cette transaction, c'est-à-dire racheter X pour revendre Y. Le market-making dans ce cadre devient donc de la gestion de relations entre de nombreux instruments financiers et est essentiellement une activité d'arbitrage entre lesdits instruments.
Sur la plupart des autres marchés, le market-making va se situer entre ces deux scénarios. Par exemple, un market-maker sur l'action d'une entreprise A courra des risques de corrélation assez importants à moyen terme s'il couvre ses opérations en titres de A par des transactions en sens inverse sur des actions d'une entreprise B ou par des contrats futures sur indice boursier. Il aura donc tendance à, autant que possible, essayer de retourner une transaction sur A par une autre transaction sur A, même s'il lui arrivera de se couvrir à court terme avec d'autres instruments.