Pierre Le Pesant de Boisguilbert, né à Rouen le 17 février 1646 fils de Nicolas et de Marie de Bonnissent, décédé à Rouen le 10 octobre 1714, est un littérateur et économiste français qui a produit les textes fondateurs de l’économie politique moderne.
Ce cousin germain de Pierre Corneille entreprend ses études chez les jésuites de Rouen et les termine chez les jansénistes de Port-Royal avant d’étudier le droit à Paris. En 1676, il acquiert la charge de juge de la vicomté de Montivilliers.
En 1690, il devient lieutenant-général civil au bailliage et siège présidial de Rouen avant d’en obtenir la charge de lieutenant de police neuf ans plus tard.
Comme son illustre prédécesseur en la matière, Antoine de Montchrestien, Boisguilbert s’essaie d’abord à la littérature dont il a acquis le goût à Port-Royal entre 1674 et 1685 avec des traductions du grec en français. Il écrit Marie Stuart, reyne d’Escosse, qui sera traduite en anglais.
Se tournant, à partir de 1676 vers l’économie politique, il s’attaque en 1691 à la division des Français en vingt-deux classes pour la capitation qu’il dénonce comme absurde alors que
Dans son ouvrage principal datant de 1695, Le Détail de
Critiquant Colbert pour avoir négligé l’agriculture, il soutient que la richesse d’un pays réside non dans l’importance de sa masse monétaire mais dans sa production et ses échanges. Il réclame également la liberté du commerce, en particulier celui des grains, et la réforme des impôts. Il propose, comme solution aux calamités de son époque, moins la réduction que l’égalisation de la participation à l’impôt comme devant permettre aux pauvres de consommer plus, d’augmenter la production et d’ajouter à la richesse générale.
Il demande la réforme de la taille, la suppression des droits de douane intérieure et la liberté du commerce. Dans Le Factum de
Boisguilbert a essayé avec acharnement de faire appliquer ses idées, publiant au besoin ses ouvrages anonymement, ce qui lui a quelquefois valu d’être rejeté comme fou ou de connaître des exils temporaires. Le désastre rencontré par le nouvel impôt du « dixième » institué en 1710 par le contrôleur-général Nicolas Desmarets, qui n’était pas sans analogie avec le projet de Boisguilbert, à cela près que le « dixième » conçu par Boisguilbert était destiné à remplacer tous les autres impôts alors que celui de Desmarets ne faisait que se surajouter à eux, a sûrement contribué à déconsidérer un peu plus les propositions de Boisguilbert qui fut malgré tout beaucoup utilisé – mais peu cité – par les physiocrates puis par Adam Smith. Certaines de ses œuvres ont été publiées sous le nom de Vauban. Aujourd’hui, les œuvres de ce précurseur de l’économie politique moderne sont évaluées à leur plus juste valeur et font l’objet traductions et d’études, y compris en chinois.
Marie Stuart, reyne d'Escosse, Nouvelle historique. Paris: L. Billaine, 1675.
Moyens d'augmenter considerablement les revenus de la couronne, par l’établissement d’une dixme royale; & suppression des impots, sans apprehension d’aucune revolution dans l’Etat , Cologne, Pierre Marteau [Rouen], 1696-1707
Memoires pour servir au retablissement general des affaires en France, ou, par occasion, on fait voir les causes de la decadence, Villefranche, Chez Pierre & Jean, 1697
Traité de la nature, culture, commerce et intérêt des grains, 1707
Causes de la rareté de l'argent, 1707
Le Détail de
Traité de la nature, culture, commerce et intérêt des grains : tant par rapport au public, qu’a toutes les conditions d’un état, [s.l.s.n.], 1841
Dissertation sur la nature des richesses, de l'argent et des tributs : ou l’on decouvre la fausse idée qui règne dans le monde à l'égard de ces trois articles], [s.l.s.n.], 1841
Détail de
Extrait des eloges des hommes à célébrer, Stockholm : H. Fougt, 1774
Traductions françaises de Dion Cassius (1674) et d’Hérodien (1675).