Le Plan de reclassement est un dispositif obligatoire en France lorsqu'une société employant plus de 50 salariés envisage de procéder au licenciement économique de 10 salariés ou plus sur une même période de 30 jours. Cette obligation figure dans l'article L321-4-1 du code du travail qui stipule que la procédure de licenciement est nulle et de nul effet tant qu'un plan visant au reclassement de salariés s'intégrant au plan de sauvegarde de l'emploi n'est pas présenté par l'employeur aux représentants du personnel, qui doivent être réunis, informés et consultés (information-consultation sur le PSE).
Loi "Aubry" du 27 janvier 1993Ce plan de reclassement a été instauré par la loi "Aubry" du 27 janvier 1993 qui précise qu'il doit comprendre, par exemple :
des actions en vue du reclassement interne des salariés sur des emplois relevant de la même catégorie d'emplois ou équivalents à ceux qu'ils occupent ou, sous réserve de l'accord exprès des salariés concernés, sur des emplois de catégorie inférieure ;
des créations d'activités nouvelles par l'entreprise ;
des actions favorisant le reclassement externe à l'entreprise, notamment par le soutien à la réactivation du bassin d'emploi ;
des actions de soutien à la création d'activités nouvelles ou à la reprise d'activités existantes par les salariés ;
des actions de formation, de validation des acquis de l'expérience ou de reconversion de nature à faciliter le reclassement interne ou externe des salariés sur des emplois équivalents ;
des mesures de réduction ou d'aménagement du temps de travail ainsi que des mesures de réduction du volume des heures supplémentaires effectuées de manière régulière lorsque ce volume montre que l'organisation du travail de l'entreprise est établie sur la base d'une durée collective manifestement supérieure à trente-cinq heures hebdomadaires ou 1 600 heures par an et que sa réduction pourrait préserver tout ou partie des emplois dont la suppression est envisagée.
Loi du 2 août 1989Ces précisions ont été apportées afin de donner un contenu plus tangible au plan social, devenu depuis lors plan de sauvegarde de l'emploi, instauré par la loi du 2 août 1989. Concrètement, ces dispositions ont eu pour effet :
de conduire à l'élaboration et à la diffusion d'un dispositif générique d'aide au reclassement en cas de licenciement collectif pour motif économique, caractérisé par :
une durée définie d'accompagnement à la recherche d'emploi. Le plus souvent de l'ordre de 9 à 12 mois, elle peut atteindre 18 mois, voire 2 ans, dans des situations particulèrement difficiles et/ou des entreprises qui en ont les moyens.
la mise en place d'une cellule de reclassement (ou antenne de reclassement). Elle sera chargée de la mise en oeuvre de l'accompagnement à la recherche d'emploi qui comprendra généralement la réalisation d'un bilan de compétence, l'élaboration d'un projet professionnel, des formations aux techniques de recherche d'emploi, la prospection du marché caché (lequel représenterait environ 70% du marché de l'emploi) par démarchage direct auprès des entreprises du bassin d'emploi, etc.
la proposition d'offres d'emplois recueillies par la cellule de reclassement. La nature des offres d'emploi qui pourront être proposées à un salarié accompagné par la cellule de reclassement est le plus souvent encadrée par une définition de l'offre valable d'emploi ou de reclassement (OVE ou OVR). Cette définition portera généralement sur le statut de l'emploi proposé (contrat à durée indéterminée, contrat à durée déterminée de plus de 6 mois...), la rémunération offerte (% maximal d'écart à la rémunération antérieure), la distance au domicile (en kilomètres ou en temps de transport) et l'adéquation à la qualification ou au projet professionnel du salarié accompagné.
la mise en place d'une commission de suivi pour la durée de la mise en oeuvre du plan. Cette commission comprendra des représentants des salariés et sera chargée de suivre, ou même de piloter lorsqu'elle est dotée d'une capacité décisionnelle, la mise en oeuvre et le déroulement des opérations de reclassement.
de conduire à une forte croissance du marché du reclassement, l'animation de la cellule de reclassement étant quasi systématiquement confiée à une société ou un organisme spécialisé (marché couvert en France par 4 entreprises de dimension nationale ou internationale et un grand nombre de cabinets plus modestes de dimension inter-régionale, régionale ou locale).